Monsieur,
Merci pour votre message du 22 juillet dernier.
Comme vous le savez, les démarches entreprises dans la Compagnie de Jésus, l’Église et plus largement la société civile ont évolué depuis vingt ans, notamment avec le rapport de la CIASE et la prise de conscience de l’ampleur du phénomène des agressions. Il est donc compréhensible que les réactions qui nous sembleraient logiques et évidentes ne l’aient pas été auparavant.
Pour revenir sur vos interpellations :
Concernant les recherches effectuées par Monsieur Camenen l’expérience montre que les relations directes et de confiance aident tout particulièrement certaines personnes à sortir du silence. C’est un travail lent et patient. L’envoi de messages à des listes d’anciens élèves est une méthode qui a été utilisée et pour laquelle on attend des résultats. Ceux-ci dépendent de nombreux critères et qui sont rarement réunis comme vous le savez. Les listes ne sont pas à jour, les personnes ayant un mauvais souvenir de l’établissement cotisent rarement ou ne gardent pas le lien avec l’institution. Une autre méthode (que nous avons aussi appliquée dans certains cas) est l’appel à témoignages et des communiqués de presse. Là encore, nous prenons conscience que certaines personnes ne lisent pas la presse, qu’elle soit nationale ou régionale. Nos récentes tentatives ont aussi montré des limites. Enfin, les publications des réseaux sociaux sont, elles aussi, très souvent limitées aux bulles d’information locales ou personnelles. Ces remarques ne sont pas des excuses, mais des retours d’expérience que nous avons pu mesurer.
Vous interrogez sur l’opportunité de publier la liste des noms des jésuites suspectés ou reconnus comme agresseurs. Ceci n’est pas envisagé à court terme. Comme nous vous l’avons déjà exprimé, la publication des noms est une chose que nous prenons très au sérieux et qui répond à des critères précis que nous vous avons déjà exposés. Nous avons été parmi les premiers à faire ce choix de publication de noms de certains jésuites accusés, du moins en France et en Belgique.
Le Socius Compagnie de Jésus – Province d’Europe Occidentale Francophone 42 bis rue de Grenelle – F-75007 Paris – T : +33 1 81 51 40 37 – socius.eof@jesuites.com
Sur les chiffres que vous avancez, j’avoue ne pas vous suivre. Nous avons en effet actuellement 16 établissements scolaires en France, mais personne ne peut affirmer que chaque établissement scolaire a « abrité » un agresseur.
Concernant la date de création de la Cellule, elle a en effet été formellement créée en 2014. Comme vous le soulignez, et comme le Provincial l’a exprimé à l’occasion de la journée mémorielle du 1er mars à laquelle vous avez participé, c’est ensemble, personnes victimes et jésuites que nous avançons pour faire la vérité et la justice sur le sujet des agressions commises par des jésuites. Nous sommes donc reconnaissants de tout ce qui est mis en place pour aller dans ce sens, que ce soient des initiatives personnelles comme les vôtres (blog, création d’un collectif etc), du travail des journalistes, de la réalisation de films et documentaires.
Pour ce qui est du Recueil des témoignages entendus à l’occasion du 1er mars. Nous allons contacter les différents témoins pour savoir s’ils sont d’accord pour que leur texte anonymisé soit inséré dans un recueil qui sera imprimé et donné à chaque personne victime ayant témoigné et publié sur notre site Web en accès libre. Je pense que durant le premier semestre de l’année académique 2025-2026 nous pourrons finaliser ce projet.
Enfin, concernant les journées dédiées aux établissements scolaires, deux événements sont prévus entre janvier et février 2026, l’un à Franklin (Saint-Louis de Gonzague à Paris) dédié à l’ensemble des établissements scolaires en France et l’un à Saint-Michel (Bruxelles) dédié à l’ensemble des établissements scolaires belges. Vous serez convié à celle qui se déroulera à Franklin.
Votre dernière demande est de faire connaître le « Collectif des victimes d’abus sexuels par des prêtres jésuites » auprès des associations des alumni. Il me semble que vous avez déjà fait cette démarche. C’est donc désormais aux différentes associations d’anciens de prendre la décision de relayer cette initiative.
Je vous présente mes salutations distinguées,
