Bonjour aux membres du groupe !

Si vous avez envie de vous présenter… Personnellement, j’ai 70 ans, victime d’agressions sexuelles d’un prêtre jésuite, Louis Mouren, fondateur-responsable de l’association Les Liens Brisés qui, de 1954 jusque dans le milieu des années 80, a pris en charge plus de 1500 garçons. Oui, il s’est « bien occupé » de moi : la première fois, au sein même de la Maison des jésuites, rue de Grenelle, en 1967 ; ensuite, ponctuellement jusqu’en janvier 1972, date de mon renvoi de l’école Saint-Euverte d’Orléans où il m’avait placé. Début des années 2000, je découvre qu’à la Libération, ce jésuite a assisté et accompagné au poteau d’exécution les principales figures de la Collaboration (Pierre Laval, Joseph Darnand, Fernand de Brinon, Jean Luchaire, …), et par la suite, célébré, rue de Grenelle, des messes anniversaires à la mémoire de leurs exécutions…

Après la publication du rapport de la CIASE – soit 54 ans après la première agression -, j’ai voulu témoigner face à un jésuite, rue de Grenelle. Je me suis signalé ensuite auprès de la CRR qui m’a reconnu et a recommandé aux jésuites de me verser le maximum de la réparation financière prévue par son barème. Ma participation à l’écriture du livre « Quand le diable a revêtu l’habit » a permis de lever l’anonymat de mon agresseur dans la presse. Le 14 avril 2025 – 53 ans après notre dernière entrevue -, je me suis rendu sur sa tombe, lui retourner pour l’éternité la vérité sur ses crimes.

Nul ne peut guérir de ces violences traumatisantes à vie. Mais témoigner permet de sortir de l’enfermement, de l’isolement. De se décharger de la honte, de la culpabilité, du silence, de la peur. De lancer aux agresseurs qu’ils ne pourront plus se croire protégés par le silence et l’impunité de leur institution. De recouvrer sa dignité.

Fraternellement