Ma sœur,
je vous remercie de votre réponse. Et surtout, je vous remercie de votre appui obstiné en faveur des victimes de l’abbé Pierre.
Vous vous souvenez sans doute que lorsque j’ai été voir, en 2010, les jésuites pour leur faire part de mon agression sexuelle par Gilbert Lamande, il était essentiel pour moi de savoir s’il y avait d’autres victimes, car si j’étais seul, les images qui m’étaient apparues n’étaient alors sûrement que le fruit de mon imagination . Les jésuites ayant refusé fermement toute forme d’enquête , j’ai du la lancer moi même . J’ai reçu très rapidement neuf témoignages de victimes de ce jésuite, et depuis 15 ans, j’en ai reçu 23 au total, le complément étant lié à une action médiatique forte.
J’ai fait cette enquête seul , avec mes faibles moyens , et un bon résultat . Je ne vois vraiment pas pourquoi des organisations comme la congrégation des Jésuites ne pourraient pas arriver à un tel résultat. Sauf qu’un élément essentiel de cet appel à témoignage est le nom de l’agresseur, que les jésuites se refusent absolument à communiquer. Je crains que les nombreux appels à témoignages dont vous parlez dans votre mail, ne mentionnent pas le nom de l’agresseur. Or celui-ci est très important , car la victime se croit seule victime, et coupable de cette relation. Le fait d’entendre le nom de l’agresseur signifie qu’il y a d’autres victimes qu’elle, et cela enclenche une libération et une déculpabilisation. Rappelez-vous ce que disait Patrick Goujon s.j. , à la fin de son livre : « La joie m’a saisi quand le nom de l’agresseur fut prononcé par un autre que moi : je n’avais pas déliré ; j’étais sauvé. »
Je suis certain qu’il y a quelque chose à faire pour ces 198 000 victimes qui n’ont contacté ni la CRR ni l’INIRR ; peut être pourriez vous aider à ce que ce processus se mette en place.
Cordialement
Jean Pierre Martin Vallas
