Bonjour,
Je voudrais réagir sur l’article paru le 15 juillet sur France Info Bretagne, où vous êtes interviewé.
Je comprends que dès 2019, vous aviez demandé à Monsieur Camenen d’enquêter sur des faits d’abus sexuels commis par des jésuites dans le collège Saint-François-Xavier. Je comprends aussi qu’entre 2019 et 2025, cette information n’a été diffusée à personne et que l’enquête de Monsieur Camenen est restée strictement confidentielle, jusqu’à ce qu’en Avril 2025, 2025, Monsieur Camenen l’écrive dans la revue des anciens élèves, et que cela soit repris par la presse . Pourquoi ce délai ?
Le 3 février 2022, Monsieur Camenen, en tant que président de la fédération des associations d’anciens élèves de jésuites, diffusait une note dans laquelle il informait les associations d’anciens élèves que 35 jésuites prédateurs avaient sévi dans 14 de vos établissements. Cette note a-t-elle vraiment été diffusée à l’association des anciens élèves de Franklin ? Je ne l’ai jamais reçue et aimerais savoir pourquoi ? J’aimerais aussi savoir quelle suite vous avez donnée à cette note ? Avez-vous diffusé les noms de ces 35 jésuites prédateurs, ce qui serait un grand encouragement à parler pour les victimes ? À ma connaissance, non ! Avez-vous cherché à atteindre ces quelque 2 000 victimes pour les encourager à vous parler, et comment ?
Par ailleurs, vous dites connaître 115 prêtres jésuites abuseurs sexuels et vous dites qu’il y a 16 établissements jésuites. Il est évident que dans chaque établissement, il y a au moins un jésuite abuseur, la précédente note le démontre ; et que la démarche que vous avez commencé à initier à Saint-François-Xavier devrait s’appliquer à chacun de ces 16 établissements. Mais si vous vous contentez uniquement de mobiliser les présidents des associations d’anciens élèves de ces établissements, il est normal que vous n’ayez aucun résultat, compte tenu du peu d’empressement à agir des anciens élèves lorsqu’ils ne sont pas eux-mêmes victimes.
Vous dites avoir mis en place une cellule d’écoute en 2014, 5 ans avant la création de la Ciase. Je me permets de vous donner une information que vous ne connaissez sans doute pas, puisque vous n’étiez pas chargé de ce genre de questions à l’époque. Le frère Grenet, qui en 2010 m’avait dit qu’il mettrait en place une commission d’enquête à la suite de mon témoignage, n’a mis en place qu’en 2014 cette cellule d’écoute, qui était là pour des abus moraux et non pour des abus sexuels ! Et il ne l’a mise en place que parce que pendant 4 ans, je l’ai harcelé avec beaucoup de persévérance. Il vous suffira de consulter mon blog https://franklin2.canalblog.com pour y trouver toutes les preuves et les courriers de ce que j’avance.
Toujours dans cette interview, vous dites : « Rien ne pourra changer si la parole n’est pas d’abord donnée aux victimes et aux témoins d’abus. » Mais il ne suffit pas de donner la parole aux victimes ; il faut les encourager à la prendre. Depuis le temps, vous devez savoir que parler pour une victime, c’est revivre toutes les souffrances qu’elle a endurées lors de ces abus, qu’elle a subies dans sa jeunesse. Il est essentiel d’encourager ces victimes et de ne pas attendre passivement du fond de votre bureau qu’elles viennent vous voir.
« Fait peu courant, sur le site de la congrégation Jésuite, certains auteurs présumés sont même nommés », écrit la journaliste, ceci « pour aider activement d'autres personnes à sortir du silence », dîtes-vous. Mais, sciemment ou pas, vous omettez de lui dire que votre politique est de donner les noms des jésuites pédocriminels que lorsque ceux-ci ont déjà été rendus publics par quelqu’un d’autre. Et pourtant, vous semblez avoir conscience, ou en tout cas vous le dites, que ces noms peuvent aider activement d’autres personnes à sortir du silence.
« Avec leur accord, nous allons mettre ces témoignages dans un recueil, comme un écrin, pour que ce ne soit jamais oublié. » Cet écrin, allez-vous le diffuser, comme je vous le demande depuis le 01/03/2025, ou allez-vous l’enterrer au fond de vos tiroirs ?
« Une autre journée pour se souvenir doit être organisée en janvier ou février 2026. » S’agit-il de celle concernant Franklin ?
Nous avons lancé, avec Roland Tran Van, un « Collectif des victimes d’abus sexuels par des prêtres jésuites » pour tendre la main aux victimes et les encourager à parler. Auriez-vous l’amabilité de diffuser cette information à toutes les victimes invitées à participer à la Journée mémorielle du 1 er mars dernier, ainsi qu’aux associations d’anciens élèves en leur demandant de la diffuser à leurs membres ? L’adresse du collectif est : https://www.facebook.com/groups/1910594509715823/.
Cordialement,
Jean-Pierre Martin-Vallas au nom du collectif.
PJ la note de Mr Camenen
